La guerre au cœur de l'art politique

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La guerre occupe une place centrale dans la théorie politique classique, révélant la nature du pouvoir et la nécessité de maîtriser l'art de la guerre pour garantir la souveraineté.

Dans la Chine antique, Sun Tzu (vers 544-vers 496 av. J.-C.) affirme, dans L'Art de la guerre : « La guerre est une affaire d'une importance vitale pour l'État », soulignant l'exigence de survie de la cité face à la violence organisée. En Inde, dans l'Arthashastra, Kautilya (vers 375-vers 283 av. J.-C.) a la même analyse : « Le roi doit toujours être prêt à la guerre, car la sécurité du royaume en dépend. » La République, de Platon (vers 428-vers 348 av. J.-C.) considère que la guerre est un art auxiliaire de la politique et que « les gardiens [de la cité]  doivent être des guerriers vigilants, prêts à défendre la cité » (Livre III).

À la Renaissance, Machiavel (1469-1527), auteur d'un Art de la guerre, rappelle au chapitre XIV du Prince qu'« un Prince ne doit [...] avoir d’autre objet, d’autre pensée, d’autre art que celui de la Guerre et des préparatifs la concernant. Car c’est le seul art convenant à qui commande ». Ce conseiller de la République de Florence met d'ailleurs en place une milice populaire chargée de défendre l'État, se méfiant des mercenaires et des armées de métier, qui ont plus intérêt à faire la guerre qu'à garantir la paix.

À l'époque moderne, Thomas Hobbes (1588-1679), dans le Léviathan, voit la guerre comme l’état naturel de l’homme sans État et la décrit comme « guerre de chacun contre chacun », justifiant la création d’un pouvoir souverain chargé d'assurer la paix.

Enfin, Carl von Clausewitz (1780-1831) tire les conséquences des conflits armés de masse tels que les guerres européennes en donnent à voir dès le XIXe siècle. Il indique alors que « la guerre n’est que la continuation de la politique par d’autres moyens », liant indissolublement conflit armé et logique politique.

Ainsi, de l’Inde ancienne à la modernité européenne, la question de la guerre s’impose dans toute réflexion consacrée à l’État et à sa souveraineté.

À débattre

  • Si la guerre semble bien à l'horizon de la politique, ne risque-t-on pas de l'y réduire et de se trouver incapables de faire la paix ? – Vous pouvez vous appuyer sur les arguments développés par Emmanuel Kant dans son Projet de paix perpétuelle, présentés dans la perle « Si tu veux la paix, prépare la guerre ? ».

Source : https://lesmanuelslibres.region-academique-idf.fr
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